Marie Warnant : "Mens sana in corpore sano"
« Mens sana in corpore sano »... Petite phrase anodine, que tout le monde connaît, que tout le monde a déjà entendue ou lue quelque part, que tout le monde comprend.
En fait, peut-être finalement pas tout le monde. Il y a quelques années à Chicago, à l’heure du petit-déjeuner, un couple m’avait laissée sans voix en avalant goûlument un vol-au-vent frites mayonnaise alors qu’il était à peine l’heure pour moi du jus d’orange pressé.
Quelques heures plus tard, c’est à la sortie d’un fast-food que j’avais droit à une leçon de non-alimentation. Chaque jour du séjour, me donnait « à boire et à manger » en matière culinaire. Dans la rue, alors qu’on prônait à la télévision des « formes filiformes », c’étaient des corps difformes qui arpentaient les trottoirs, coca light à la main. Triste constatation.
Quelques années plus tard, c’est Bruxelles ou « Ailleurs » qui m’offre cette vision inquiétante. A l’heure où tout va très vite (trop vite) dans nos vies, l’alimentation prend bel et bien le pas sur nous. Tout s’accélère. Le temps de cuisson, le temps de consommation, le temps de digestion. A bien des points de vue d’ailleurs. A table comme au bureau. En amour comme en affaire. En privé comme en public. Ne dit-on pas société de consommation ? Consommer à tout prix, sans modération, à en perdre l’éducation, la raison...
Ludwig Feuerbach, philosophe allemand du 19ème siècle, a dit « Nous sommes ce que nous mangeons ». John Lennon nous l’avait rappelé (« you’re what you eat ») en chanson...
Alors, sommes-nous réellement en passe de devenir un vulgaire Royal Cheese du Mac Donald ?? Allons-nous rester tranquillement assis à idéaliser les images de la télé et des magazines en mangeant votre paquet de chips ?
Avons-nous vraiment envie d’une société où la majorité est en surpoids entraînant l’exclusion, le rejet, la solitude, la maladie, la dépression ?
A méditer...
Publié le 15 avril 2006